Рефераты. Les moyens linguo-stylistiques de letude du texte

La stylistique descriptive ne se preoccupe que du fait linguistique pris en lui-meme. C'est Ch.Bally (eleve et successeur de F.de Saussure) qui a fonde veritablement la stylistique descriptive en tant qu'etude systematique: « La stylistique etudie les faits d'expression du langage du point de vue de leur contenu affectif, c'est-a-dire l'expression des faits de la sensibilite par le langage et l'action des faits de langage sur la sensibilite ». Mais Ch.Bally etudie surtout la valeur expressive des structures linguistiques plutot que leur role ponctuel dans telle situation precise. C'est dire que sa demar-che est une stylistique de la langue, non une stylistique de la parole ; et que Ch.Bally ne se preoccupe point de l'usage particulier qu'un ecrivain, par exemple, ferait de ces structures dans un cas donne. Ce serait la affaire de « style » (= de critique litteraire), non de stylistique.

Les valeurs stylistiques. Soit un enonce : [bosup m0sj0 kupbs]. Cet enonce, en plus d'une valeur notionnelle (les sons articules independamment de toute intonation particuliere informent mon interlocuteur de mon salut), a une valeur expressive et une valeur impressive. Celle-ci est faite d'une intention qui cherche a produire une impression sur l'interlocuteur (respect, ironie, indifference feinte etc.); celle-la trahit les origines sociales, les tendances psychologiques du locuteur. Ces deux valeurs interessent Ch.Bally comme des valeurs stylistiques.

Ch.Bally definit ce qu'il appelle les effets naturels et les effets par evocation. L'ellipse, par exemple, qui est apte, par le raccourci qu'elle propose, a exprimer l'emotion, est un effet naturel; l'emploi d'une syntaxe argotique qui reflete l'appartenance a une classe sociale ou a une mentalite particuliere est un effet par evocation. C'est dire que la stylistique de Ch. Bally s'interessera aux tons (familier, soutenu, etc.), aux styles (familier, epique etc.), aux diverses langues (parlers d'epoque, langues des groupes sociaux, influences regionales et dialectales, etc.) et dans chaque categorie citee, elle etudiera les composantes linguistiques que sont la phonetique, la morphologie, la semantique et la syntaxe.

12. Analyse linguistique du recit

S'exercant sur un discours, la stylistique ne peut guere se passer, comme nous avons vu, des enseignements que peut lui fournir la lin-guistique : connaissance historique de la langue, description de la substance phonique qu'est un texte, description de la morpho-syntaxe de la langue dans laquelle le texte est ecrit, connaissance du lexique, etc. Faute de tenir compte des observations positives faites par le linguiste, la stylistique se dirigerait vers l'impres-sionnisme de la critique litteraire pratiquee par ce que l'on appelle l'honnete homme. Aussi a-t-on essaye d'introduire la methode et les concepts de la linguisti-que dans l'etude du recit, c'est-a-dire au-dela de la phrase. Generalement, la linguistique, en effet, s'arrete a la phrase qui est « le plus petit segment qui soit parfaitement et integralement representatif du discours » (A.Martinet) : « Ayant decrit la fleur, le botaniste ne peut s'occuper de decrire le bouquet ». Mais, comme la phrase, le discours (ensemble de phrases) est un ordre, organise, avec ses regles, ses unites, sa grammaire : «Au-dela de la phrase et quoique compose uniquement de phrases, le discours doit etre naturellement l'objet d'une seconde linguistique ». Etudie a partir de la linguistique, le discours sera traite comme une grande phrase (dont les unites ne seront pas necessairement des phrases, au sens gram-matical du terme). Comme tel, il participe d'un systeme qui a sa grammaire, ses unites fonctionnelles (aux fonctions elementaires de l'analyse grammaticale cor-respondent les personnages d'un recit) et il pourra etre analyse a trois niveaux -- concept fourni par la linguistique -- de description (les fonctions, les actions, la narration).

Pour ne donner qu'un exemple, on rappellera que le premier niveau est fait de fonctions qui sont de nature distributionnelle et d'indices qui sont de nature integrative (et qu'il faut donc « denouer ») ; a ce niveau, on pourra deja donc effectuer un premier classement des recits : fonctionnels (les contes populaires), indiciels (les romans psychologiques). On peut meme ne se preoccuper que de proceder a une analyse formelle du recit qui aura le merite d'inviter a s'interroger « sur ce qu'il convient d'appeler la structure profonde du texte». Il faut, en effet, supposer que le texte est une structure si l'on souhaite le decrire scientifiquement.

On ne peut, en effet, eviter la linguistique : le texte litteraire est langage et communication, il est un objet linguistique. A partir de ce postulat, on peut poser, a la suite de M. Arrive, que le texte litteraire est clos (= « limite dans le temps et/ou l'espace » ; ou = « structuralement fini », I. Kristeva), qu'il n'a pas de referent et qu'il est soumis aux structures linguistiques (il « s'insere dans les structures » d'une langue et il « constitue par lui-meme un langage »).

C'est dire qu'il faudra tirer les consequences methodologiques de ces postulats, a savoir : l'adoption des methodes linguistiques pour la description stylistique, le refus de tout recours a un referent et aussi le refus de prendre en consideration toute information qui serait exterieure au texte a etudier.

Tout n'est cependant pas linguistique dans l'objet stylistique que consti-tue un texte litteraire. Que la linguistique fournisse au stylisticien des instruments de travail, c'est une chose. Il n'empeche : le stylisticien « reste souvent conscient que, s'il se prive de l'apport de l'histoire litteraire et refuse de considerer le contexte reel pour ne chercher les indices que dans les formes, que ce soient les formes de l'expression ou celles du contenu, une part du phenomene litteraire, l'aspect concret de celui-ci, lui echappe». C'est dire qu'il n'y a pas que les linguistes qui revendiquent le droit de parler du style et que, parmi les linguistes qui en parlent, certains revendiquent le droit d'en parler a l'aide d'outils qui n'appartiendraient pas tous a la linguistique. «La stylistique apparait au carrefour de bien des routes. La grammaire, la linguistique, la linguistique comparee, la statistique, l'histoire litteraire, la caracterologie, la rhetorique (au sens d'etude des procedes et liberee de ses aspects normatifs), la dialectologie, la critique.. projettent sur le phenomene du style l'eclairage de leurs methodes».

C'est qu'en effet, dans la bousculade des options et des methodes, on assiste a l'utilisation, dans le domaine de la stylistique, non seulement de la lin-guistique, mais de ce qu'on appelle les sciences humaines reputees rationnelles, objectives, scientifiques. Et peut-etre, apres tout, le paradoxe est-il la : tout, dans l'etude du style, n'etant pas linguistique, la stylistique tache de renforcer son efficacite en faisant appel aux outils fournis par les sciences humaines par les-quelles elle se sent concernee et par lesquelles elle souhaiterait etre solidement epaulee ; or, il se trouve que dans les sciences physiques memes, on prend conscience que l'apprehension des faits passe par la pensee de celui qui les apprehende que, bousculant ce que l'on appelait objectivite, cette pensee est deformante. C'est dire qu'il y a peut-etre illusion a vouloir evincer l'humain de l'etude du style sous le principe vain d'une objectivite sujette a caution. Cela ne signifie pas que tout effort pour fournir au stylisticien des outils solides ne soit pas utile; mais cela pose au moins le probleme de l'interpretation des resultats obtenus, de leur utilisation aussi, c'est-a-dire en definitive le probleme du role de la stylistique que de la demarche de celui qui la pratique. On peut repondre a ce probleme en renversant les donnees, en definissant l'objet de la stylistique, le texte donc, non plus par son role communicatif mais comme productivite : le texte « ouvre un ecart entre la langue d'usage, « naturelle » destinee a la representation et a la comprehension, surface structuree dont nous attendons qu'elle reflechisse les structures d'un dehors, exprime une subjectivite (individuelle ou collective) -- et le volume sous-jacent des pratiques signifiantes [...] ou les significations germent « du dedans de la langue et dans sa materialite meme » selon des modeles et un jeu de combinaisons [...] radicalement « etrangers » a la langue de la communication ». Et, au bout du compte, en refusant toute speci-ficite au texte litteraire, situe du meme coup parmi toutes les autres pratiques semiotiques, a egalite avec elles : c'est alors, proprement, nier qu'il existe un objet stylistique. Mais on peut aussi, si on pose que le texte litteraire est un objet stylisti-que, dire que « la stylistique litteraire etudie, dans le contexte historique des ?uvres et des auteurs, le probleme de l'expression, dans ses details et dans son ensemble compose». Il ne faudra pas alors s'etonner de voir la stylistique s'appuyer sur la linguistique mais ne s'appuyer sur elle que jusqu'a un certain niveau... qui ne sera pas le meme pour tous les chercheurs, ni s'etonner que les uns voient dans le stylisticien un critique litteraire pendant que les autres preserveront la qualite d'activite scientifique de la discipline qu'il pratique en n'allant pas au-dela d'un bilan qui degagera «l'adequation efficace d'un systeme expressif et d'un contenu», ni s'etonner enfin que l'intuition joue, comme dans les sciences, un role de detecteur. «Si la critique stylistique a tout a gagner aux observations d'une science du style, elle doit finalement en transcender les categories necessairement etroites».

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