Рефераты. Les moyens linguo-stylistiques de letude du texte

Ces remarques ne doivent pas conduire les amateurs a negliger la composante nucleaire du materiau stylistique : le son, objet privilegie des esthetes qui se jouent dans la substance de l'expression. Mais n'oublions pas non plus que le materiau elementaire lui-meme de la mise en ?uvre stylistique est le mot, meme si l'unite stylistique experimentale est le texte. Une fois de plus, c'est dans le dynamisme d'une tension que peut positive-ment se deployer l'activite du praticien de notre discipline.

10. Notion de style.

La notion de style est determinante pour evaluer la convenance entre l'objet traite et la forme du discours. Le style, composante centrale de l'elocution dans les genres rhetoriques, devint naturellement une composante tout aussi centrale dans les genres poetiques une fois que ceux-ci furent reinterpretes par reference a ceux-la. Il en resulta que l'etude de la forme des genres poetiques ne fut plus seulement l'etude des moyens d'expression (prose contre vers) ou des modes d'imitation (imitation pure ou recit), mais finit par inclure aussi l'etude des niveaux de langue en convenance avec tel ou tel sujet (ainsi la langue de la tragedie ne saurait se confondre avec celle de la comedie) et accorda une place majeure aux elements ornementaux que sont les figures de rhetorique, pensees comme un element essentiel du pouvoir de seduction que l'?uvre litteraire doit posseder a l'instar de tout discours (notamment le judiciaire). Cela aura deux consequences terminologiques et disciplinaires : d'abord, le mot rhetorique finira par se specialiser pour signifier moins l'art de persua-der en general que l'art d'agencer des figures (ce qui, avec le temps, semblera tres formel et contribuera a un discredit provisoire de la rhetorique) ; ensuite, se dessinera peu a peu le champ d'une discipline qu'on appelle la stylistique, laquelle selon l'eclairage retenu, sera

-- etude des moyens d'expression (prosodie, metrique, rythme, etc.) ;

-- etude des modes d'imitation et, plus generalement, des formes de chaque genre (d'ou la notion de stylistique des genres, visant a identi-fier les invariants structuraux du texte theatral, du texte romanesque, du texte poetique, etc.) ;

-- etude des niveaux de langue ou, plus souvent, de la langue specifique de tel ou tel auteur (le style de Racine, le style de Chateaubriand, le style de Proust, etc.) ;

-- etude des procedes ornementaux, c'est-a-dire des figures (par exemple, l'etude des images dans un texte).

11. Langue et style

On ne reviendra pas ici sur la definition de la langue pour elle-meme ; on rappellera qu'elle se presente comme un systeme grammatical commun, pour une epoque donnee, a l'ensemble des locuteurs d'une meme com-munaute linguistique. Face a ce systeme, comment definir le style ?

Marque de la personnalite d'un locuteur dans le discours qu'il prononce (ou qu'il ecrit), le style est souvent caracterise par ses traits distinctifs : il etait au XVIIe siecle ce « je ne sais quoi », difficile a definir mais reconnaissable, qui individualisait toute production.

Cette conception se rencontre encore chez O.Cressot, pour qui le style, relevant de la parole, est « le choix fait par les usagers dans tous les comportements de la langue ». Ainsi, l'usager du francais, desirant communiquer un refus, aura le choix entre : Je ne peux pas, je ne puis, je ne saurais, etc.

Ce choix peut etre conscient ou ne pas l'etre : il constitue cependant un ecart entre la langue et la realisation individuelle qu'est la parole. Ainsi defini il apparait comme « le choix que tout texte doit operer parmi un certain nombre de disponibilites contenues dans la langue ». Definir le style consistera donc a degager les composantes de ce choix. Mais le discours d'un locuteur (d'un ecrivain) peut s'accorder plus ou moins au choix conscient de formes grammaticales et syntaxiques : la part peut varier entre l'art qui choisit et la nature qui impose. Pour tenir compte de cela, R.Barthes distingue dans ce que nous avons appele « style » le style et l'ecriture. Langue et style sont, selon Barthes, deux choses qui s'imposent a l'ecrivain et dont il n'est pas responsable. La langue est un « objet social » et, comme telle, elle « reste en dehors du rituel des Lettres »; elle est « en dehors de la litte-rature » .

Le style « est presque au-dela » : « Des images, un debit, un lexique naissent du corps et du passe de l'ecrivain et deviennent peu a peu les automatismes memes de son art. ». Phenomene d'ordre germinatif, d'origine biologique, le style est «une necessite qui noue l'humeur de l'ecrivain a son langage ».

A ces deux natures, R. Barthes oppose l'ecriture qui resulte d'une inten-tion et d'un choix ; l'ecriture est alors un engagement, une fonction, un « acte de la solidarite historique ». Fenelon et Merimee, par exemple, emploient une langue differente, mais acceptant le meme jeu de conventions, il ont la meme ecriture ; au contraire, Merimee et Lautreamont utilisent le meme etat historique du francais, mais leurs ecritures sont profondement differentes. Langue et style sont des «objets»; l'ecriture est une fonction. Elle l'est de trois manieres :

a) Elle est un signal : genre litteraire, ton, le texte se designe comme «litterature » ; l'art de Flaubert perpetue chez Zola fonctionne comme un signal de « litte-rature » dans le roman proletarien et revolutionnaire.

b) Elle est une valeur : elle altere le sens des mots auxquels elle donne des valeurs nouvelles ; elle est intimidation, accusation ; democratie, liberte, ordre, etc. changent de sens selon l'ecriture ideologique qui les emploie.

c) Elle est un engagement : elle exprime l'attachement a un ordre, a une classe. Il existe en effet des ecritures de classes, des ecritures ideologiques; les adopter, c'est par la meme affirmer une adhesion.

La langue est, avons-nous dit, l'ensemble des moyens dont disposent pour communiquer les usagers d'une meme communaute linguistique. Ces moyens ne forment pas un ensemble homogene, identique malgre les temps, les lieux et les groupes. Au contraire, existent des sous-systemes qui, dans un texte, interferent frequemment. C'est a la stylistique de les demeler et de rendre compte de leur utilisation.

Une histoire de la langue francaise permet de dresser un inventaire (incomplet bien sur) des moyens linguistiques d'une epoque et d'un groupe donnes. Le lexique et la syntaxe des gentilshommes du XVIIe siecle ne sont pas tout a fait ceux des philosophes du XVIIIe, qui different encore de ceux des jeunes gens romantiques de 1830. Ainsi existe-t-il des langues d'epoques, mais aussi des langues de classes sociales et des langues de groupes sociaux : langue des paysans, des intellectuels, des bourgeois ; langue de l'Administration, de l'Universite, de l'Eglise ; langage des corps de metiers, des techniques diverses, des partis politiques, des mouvements d'idees ; argot des lyceens et des etudiants (de l'ecolier limousin de Rabelais jusqu'a nous), des spor-tifs, des journalistes, des « mauvais garcons», des militaires, etc. A tout cela s'ajoutent encore les traits regionaux fournis au francais par les langues ethniques (breton, catalan, occitan, basque, etc.) et les traits que l'age et le sexe contribuent a distinguer (parler des enfants, opposition du lexique jeunes gens/jeunes filles). Tout cela represente une masse considerable de faits que la stylistique ne pourra ignorer puisque style et ecriture puisent leurs materiaux dans cette masse.

Chaque style individuel ou collectif sera choix dans cette masse. Ainsi pourra-t-on admettre avec H.Morier un classement des styles (style pindarique, onctueux, pastel, intime, nom-breux, plastique, etc.) groupes en «caracteres» (faibles, delicats, equilibres, posi-tifs, forts, hybrides, subtils, defectueux). H.Morier aboutit a 70 types de styles, chiffre important et derisoire puisqu'il semble a la fois multiplier les sous-categories dont les limites interferent et ne pas dire cependant ce qui est specifi-que au Zola de Germinal et au Baudelaire de La Charogne, tous deux classes dans le style naturaliste epique.

On remarquera que les denominations memes des differents styles sont relativement « laches » et qu'elles ne dessinent pas des contours d'une grande nettete. On remarquera que ces denominations relevent ou d'un certain impressionnisme ou du lexique de la caracterologie. Cela n'a rien d'etonnant : le style (style -- temperament -- + ecriture -- choix volontaire) est chose complexe, phenomene ou se rencontrent des traits qui appartiennent a la biologie, a la psychologie, a la sociologie, a la culture de l'individu qui ecrit.., et ces traits peuvent etre plus ou moins conscients, plus ou moins voulus. Et meme si la stylistique doit s'efforcer d'etablir ses propres categories et ses classements propres, elle ne peut pas ignorer que l'objet de son etude est un fait humain riche de rencontres diverses. « ... Si le style est lie au temperament, au caractere, a la condition sociale, a la vision de l'homme, comme cela est generalement reconnu, il est clair que la science du style doit se fonder sur une etude ration-nelle de ces relations ».

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