Рефераты. Les moyens linguo-stylistiques de letude du texte

On admet qu'il s'agit d'analyser des faits langagiers. Mais quels faits ? Il est possible d'y voir plus clair en situant la discipline par rap-port a d'autres, avec lesquelles elle a partage le vaste mouvement hermeneutique de notre periode : la linguistique, la semiotique et la critique.

La stylistique est partie de la linguistique, entendue au sens de science du langage. Il ne faut pas etre dupe de ce terme de science, surtout a cause des connotations de sciences exactes qui lui sont indument, et comme par atavisme, attachees. Mais on peut appeler science l'investigation systematique et technique du domaine particulier de l'activite humaine qu'est le langage : une telle science, la linguistique, comprend incontestablement des disciplines diverses : phonetique et phonologie, semantique, lexicologie, syntaxe (pour ne citer que des domaines bien connus)... stylistique. L'objet de chacune de ces discipli-nes est plus ou moins manifeste, mais on concoit aisement qu'il s'agit chaque fois d'une aire a delimiter dans le phenomene linguistique. En tout cas, linguistique n'est pas pris au sens d'une theorie linguistique speciale.

La relation avec la semiotique permet de preciser les choses. Consideree moins dans la rigueur de la doctrine que dans son esprit et d'un point de vue global, la semiotique explore la portee significative vers l'exterieur -- la significativite -- d'un systeme semiologique donne : le langage; elle emprunte donc une partie de ses methodes a d'autres sciences qu'a la linguistique. Il n'empeche que les questions de representativite, de valeurs significatives, sont au c?ur de la problemati-que stylistique : decrire le fonctionnement d'une metaphore ou l'organisation d'une distribution de phrase, c'est necessaire ; mais cette operation n'a d'interet que si on peut aussi mesurer le degre du marquage langagier repere en l'occurrence. Et cette mesure, de pres ou de loin, est d'ordre semiotique.

La critique, enfin, est un discours sur le discours litteraire ; elle est aussi la somme des moyens utilisables pour tenir un discours toujours plus eclairant et toujours plus interessant ; parmi ces moyens, qui vont de l'histoire a l'esthetique, en passant par la grammaire historique, la sociologie, la psychologie et quantite d'autres approches, figure la stylistique, appliquee a la formation concrete du discours etudie. La science de la litterature, qui cerne la litterarite de ces discours, rencontre forcement les determinations stylistiques des genres et des procedes. La stylistique est ainsi un instrument de la critique (et notamment de la critique d'attribution). Il est peut-etre temps de dire clairement de quoi il s'agit ; mais on l'aura justement pressenti dans les lignes qui precedent. En realite, il existe plusieurs stylistiques. Et d'abord, d'une certaine facon, il y eut comme une premiere stylistique derivee de la phraseologie : c'est en gros la tradition de Ch.Bally. On part du principe que, dans la pratique du langage, on peut isoler des segments de discours, identifier des faits langagiers, et traduire de diverses facons des contenus semanti-ques identiques. Par rapport a une sorte de degre zero d'expression, approchable a l'aide d'un dictionnaire ideologique qui contribue a eclairer les manipulations appliquees a l'ensemble des informations possibles, on delimite un ecart dans le discours occurrent. On aboutit ainsi a une stylistique des parlers populaire, familier, affectif, commer-cial, litteraire... ; mais a une stylistique generale de chaque parler, et non a une stylistique individuelle. On peut meme, dans cet esprit, etablir des stylistiques comparees, de langue a langue.

Apparemment opposee a cette demarche est la tendance issue des tra-vaux de poetique de R.Jakobson, et parallele aux etudes de style de G.Spitzer. On pose d'emblee pour objet un texte recu comme litteraire, et on essaie d'en scruter le fonctionnement linguistique de maniere systematique, de facon a en demonter la specificite par opposition a d'autres, voisins ou lointains ; on peut aussi etendre la visee a un groupe de textes presentant quelque homogeneite generique. Ces etudes se differencient des analyses de styles -- l'art de juger ou d'ecrire -- de l'epoque classique, en ce qu'elles sont totalement depourvues de perspectives axiologiques : il s'agit de demontage technique; mais l'objet est en partie le meme.

Un domaine neglige, parmi les recherches de ce genre, est celui de la stylistique historique. Cette negligence conduit a enfoncer des portes ouvertes, a depenser beaucoup d'effort autour, par exemple, de tel emploi d'un demonstratif dans une tragedie de Racine, alors qu'une approche plus large y aurait fait decouvrir un simple usage commun a tout un etat de langue. Autre consequence, non moins facheuse : le risque de ne plus oser faire de commentaire stylistique sur les textes ecrits dans une langue qui n'est plus la notre. Il est donc urgent de promouvoir de multiples etudes synchroniques, comme autant de tranches composant des ensem-bles articules sur le devenir historique.

C'est par rapport a ces stylistiques-la que nous proposons ici des elements de stylistique generale, circonscrits au domaine du francais moderne, et orientes vers l'analyse des textes litteraires. Inutile de faire semblant de ne pas savoir ce qu'on cherche : caracteriser une maniere litteraire a la difference d'une autre, qu'il s'agisse de difference d'auteurs, d'?uvres ou de genres. On pose le postulat suivant : une maniere litteraire est le resultat d'une structure langagiere. Decrire une structure langagiere, c'est demonter les elements qui la composent, mais auxquels elle ne se reduit pas, et mettre au jour les diverses grilles qui organisent ces elements. Mais les structures langagieres qu'on examine ne sont pas exactement celles de tout acte de langage en situation commune, c'est-a-dire en fonction de communication ou de relation : ce sont celles qui correspondent au regime de litterarite. Les elements et la grille d'organi-sation dont la combinaison determine une maniere litteraire donnee sont des faits langagiers envisages exclusivement par rapport au regime de lit-terarite. D'autre part, on ne considere que des procedes, des moyens d'ex-pression, des determinations strictement formelles. Mais aussi, jouant au niveau de la forme de l'expression, le stylistique touche forcement la forme du contenu.

La pratique stylistique ne peut donc etre que structurale.

On peut d'abord envisager de quoi est compose le champ stylistique.

9.Texte en cadres de la stylistique.

Toutes ces deux sciences sont unies par le meme objet d'etude : LE TEXTE. Qu'est-ce que c'est donc un texte? Une certitude, neanmoins. Il n'y a de stylistique que textuelle, ne serait-ce qu'en raison des faits de macrostructure. Souvent, au cours des developpements precedents, on a rencontre le texte, veritable espace livre aux man?uvres stylistiques : celles-ci structurent celui-la, qui condi-tionne la portee de ces man?uvres. C'est dire que se cree une sorte de consubstantialite entre la discipline d'approche, la stylistique, et son domaine privilegie, la litterature. Evidemment, il faut entendre texte au sens large : depuis l'unite qui se donne elle-meme comme telle (scene, chapitre, poeme), jusqu'a l'oeuvre complete et meme a la serie gene-rique. La question de l'unite inferieure ne saurait se regler, eventuellement, que par des procedures d'analyse critique: a l'artifice du decoupage a fins purement experimentales (ou resolument extra-scientifiques, comme dans les controles de connaissances), ne saurait correspondre que l'artifice de la construction par l'analyste, de maniere a monter une pertinence quelconque dans l'elaboration langagiere. Justement, le texte est un montage, par un cote ou par l'autre : montage de structures langagieres a la production, y compris montage, plus automatique, des modeles generaux d'expression par rapport aux types fondamentaux de discours; montage de grilles a la reception, y compris montage, plus conscient, des procedures de saisie. Il est possible d'apprehender et de justifier un texte, c'est-a-dire la constitution d'une suite discursive en texte, a partir de chacune des articulations de ce double systeme de montage : quatre niveaux textuels, ou quatre textes. Ces considerations conduisent a consacrer le caractere scripturaire de la litterature : il est certain qu'un art non-langagier releve d'autres systemes semiologiques ; mais le probleme pose par l'oralite n'est pas celui d'une litterature orale. L'oralite ne saurait entrer en compte que par le biais de la representation graphique d'une part, et de la traduction stylistico-phonetique d'autre part, des inflexions sonores propres a telle ou telle maniere de locution ; elle ne saurait definir une litterarite, constituer une pratique litteraire specifique, en lieu et place du scriptu-raire : une litterature orale est une litterature dont on enregistre par ecrit la production. La production fixee, ou les divers etats fixes de la production transforment la mobilite des multiples possibles, inherente a differents actes de paroles, en texte. Le stereotype de repetitions orales sans cesse renouvelees a vocation textuelle ; la marque indelebile d'une unique prestation exclusivement orale, si elle doit etre conservee, a vocation textuelle. Il ne faut donc pas confondre support materiel, variable selon les occurrences et les situations, et attribut essentiel du discours litteraire.

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